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Stages photos et photographie numérique à Paimpol
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10 juillet 2019

La photographie de voyage, l'éthique du photographe (tout à fait personnelle)

 

Tous mes voyages au Vietnam sont avant tout prétexte à rencontres, certaines plus fortes que d'autres. 

Chacun est libre de photographier comme il le souhaite, pour ma part, j'essaie de transmettre aux voyageurs photographes qui m'accompagnent, ma façon de photographier les personnes, les paysages que nous rencontrons.

C'est à chaque fois un dilemme, nous arrivons dans un pays en développement, le fait d'y arriver nous classe parmi les gens aisés, avec nos appareils, nous ne passons pas inaperçus, nous sommes les intrus.

J'initie mes compagnons à aller à la rencontre de ceux que nous croisons, à savoir ne pas utiliser le téléobjectif, ne pas voler de photo (de temps en temps, il faut malgré tout l'utiliser pour une scène qui est en train de se passer). Pour cela, il faut aller au contact, avec son 24 mm ou le 35 mm, mais il faut pouvoir établir le contact, accepter un refus, recevoir un sourire.

Cela n'est possible que si le photographe donne de sa personne pour créer ce contact, savoir prendre le temps, établir un dialogue au-delà de la langue qui reste une barrière. Ce dialogue devient possible si vous faites parler votre coeur, si vous restez en retrait, vous n'aurez jamais cette chance de saisir au fond des yeux de celle ou de celui que vous photographiez la petite lumière de satisfaction et de fierté d'être devenu (e), l'espace d'un instant, une personne importante que l'on photographie.

En ce qui me concerne, une photo doit toujours être motivée par ce que l'on ressent au plus profond de soi envers le sujet photographié, qu'il soit personnage, paysage,objet, etc.
 

Avec les années et ma pratique du pays (sans doute parlerai-je de la même façon pour d'autres pays), il y a des cas qui me posent questions.

Au cours de mes voyages, nous croisons souvent des populations pauvres.

Comment les photographier et pourquoi le faire ?

- Population pauvre mais heureuse, vivant dans une certaine dignité : je les photographie sans problème.

- Population pauvre vivant dans le plus grand dénuement :

Par exemple, dans le nord du Vietnam, nous avons traversé des villages où les personnes faisaient leurs ablutions, lavaient le linge, lavaient leurs fruits et légumes et faiisant leurs besoins le long de la route dans une rigole où l'eau venait de la montagne. Ils étaient à quelques mètres les uns des autres.

Pourquoi faire une photo de cela ? 

En tant que photographe, je me trouve face à une situation rare, pourquoi appuier sur le déclencheur de mon appareil ?

Si je fais une photo, oserai-je demander l'autorisation aux personnes de les photographier ? Non, elles ne le souhaiteraient sûrement pas. Elles savent que leur vie n'est pas digne. 

Si je déclenche, que vais-je faire de cette photo ? la mettre sur les réseaux sociaux, dans le cadre d'une expo ? Elle va susciter de l'intérêt, de l'effroi, de l'indignation, de l'exotisme, des bonnes paroles. 

Mais au-delà, que va apporter ma photo à cette population dans le dénuement le plus complet ? Rien. Ma démarche ne va pas au-delà d'un voyageur qui est passé par là et qui a saisi une scène pittoresque.

Si je suis journaliste ou reporter, ce peut être différent. Pour faire un travail sérieux, je vais passer un temps relativement long avec cette population. Je vais apprendre à la connaître, à savoir quelles sont les origines de leur indigence. A travers mes photos, je vais témoigner. Qui dit témoignage, dit réaction. Réaction d'organismes humanitaires ou associatifs, d'organisations locales ou prise en compte du problème par le gouvernement du pays.

Mes photos auront en effet positif à moyen ou long terme (en étant optimiste).

Je ne suis pas reporter, juste photographe de passage, mais je fais partie d'une association qui pourrait inntervenir (souvent les plus efficaces), mes photos, là encore pourront témoigner et déclencherons une action.

Je suis juste de passage et cela me bouleverse tant que je souhaite m'impliquer directement en revenant voir ces personnes pour les aider concrètement, mes photos pourront server à lever des fonds.

Mais sinon, à quoi cela servirait-il de faire une photo de la misère du monde pour juste dire que "je suis allé à cet endroit".  

Dans ce cas, je grave la scène dans mon cerveau et ne fait pas de photo. 

Vous, faites comme vous voulez, je soulève juste une question qui devient plus importante à chaque voyage en ce qui me concerne.

 

Je vous offre quelques portraits qui ont été l'occasion de fortes rencontres.

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Mr Nguyên Thua, chef des forces armées nord vietnamiennes de Dong Hoi, mme Hiên, ma vendeuse de fruits à Dong Hoi,

 

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2019 : Mme Loc Lothi nous avait accueilli l'an dernier en nous offrant un verre d'eau, je craignais de ne pouvoir lui remettre un exemplaire de mon livre où elle parait, en un an elle a vieilli, j'espère la retrouver en 2020, et cette jeune maman qui revient avec ses buffles dont je ne connais pas le nom nous a gratifié d'un sourire qui a illuminé notre journée.

Merci à toutes et tous.

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